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« L’architecture est jugée par les yeux qui voient, par la tête qui tourne, par les jambes qui marchent. L’architecture n’est pas un phénomène synchronique, mais successif, fait de spectacles s’ajoutant les uns aux autres et se suivant dans le temps et l‘espace, comme d’ailleurs le fait la musique.[…] L’œil humain n’est pas un œil de mouche, installé au cœur d’un polyèdre ; il est sur un corps d’homme, double d’une part et d’autre du nez, à la hauteur moyenne de 1m 60 au dessus du sol. Tel est, bel et bien, notre outil d’appréciation de la sensation architecturale. Le cône visuel est devant, concentré sur un champ matériel en réalité limité et limité encore par l’esprit qui, derrière l’appareil de physique, n’interprète, n’apprécie et ne mesure que ce qu’il a le temps de saisir. », p.75, LE Modulor, Le Corbusier
L’homme est un organisme orienté, c'est-à-dire qu’il a un avant, un arrière, des cotés, un haut, un bas et que la perception qu’il a de l’espace est différente selon les directions. Du bas nous tenons notre stabilité, notre ancrage, nos pieds nous relient à la terre. Le haut nous relie au ciel, nous élève, nous attire. Un abri minimum pourrait être un toit, un arbre, uniquement protection de la pluie et du soleil, un élément qui nous contiendrait par le haut, écrasement ou allégement selon les cas. L’arrière, le dos engage l’adossement ou la protection. L‘avant nous permet de nous projeter, c’est le lieu de la vue, du goût, de l’odorat, de la respiration, de la communication. C’est face à face que nous nous adressons aux autres. Les côtés nous permettent d’apprécier la notion de largeur et d’étroitesse, sensation de contraction ou de dilatation selon l’espace dans lequel on se trouve.
Pour un abri, il est important de concevoir un espace qui ne soit pas une bulle dans laquelle on se retrouve coupé de l’extérieur, mais un espace qui réponde à la fois à notre besoin de protection (important pour un lieu de sommeil, activité pendant laquelle nous nous sentons particulièrement vulnérable) et à notre besoin d’espace, de projection, de ramification, qui nous relie au monde.
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